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Des femmes à la charrue en 1918

By 10/04/2019May 9th, 2019No Comments

Quand les hommes et les fils sont partis au front, alors que les boeufs sont réquisitionnés pour nourrir les armées, qui les remplace aux travaux des champs? Une illustration pathétique parue dans le journal La Presse de Montréal, le 17 janvier 1918, répond de façon éloquente à la question. Les femmes de la maisonnée, bien sûr.

«À la place des hommes qui luttent au front. Les femmes héroïques de France.»   «Celles dont les maris et les fils sont au front n’hésitent pas à s’atteler vaillamment à la charrue et à s’astreindre aux plus rudes travaux de la ferme. Rien ne leur coute et elles trouvent tout naturel d’accomplir les plus fortes tâches, quand il s’agit de remplacer ceux qui font, là-bas, le coup de feu contre l’ennemi commun.»   «Le spectacle qu’offre la vignette ci-dessus – spectacle touchant, s’il en est – se rencontre dans maints endroits de la France depuis que l’heure du combat a sonné.» Bien sûr l’image était destinée à émouvoir les contemporains du Québec, en ce début de conscription militaire. On désirait attendrir les “insoumis”, les récalcitrants, les pacifistes et tous les objecteurs de la guerre. Voyez ce qui se passe là-bas. Imaginez-vous vos mères et vos soeurs dans la même situation? Les héroïques mères de France assument, elles, cet effort avec naturel et vaillance, écrit-on. Mais est-ce bien sûr?  L’historien peut questionner ce message. Est-ce que ce rude labeur fut vraiment généralisé («en maints endroits»)? Et même, est-il seulement possible que trois personnes, même des mâles très virils, puissent tirer une charrue sur des dizaines d’hectares de terrain? On peut en douter.    Alors, est-ce que la photo serait un montage pour la propagande de guerre?  Lecteur, lectrice, qu’en pensez-vous? Paul-Henri Hudon   Source: La Presse, 17 janvier 1918.     Ce texte vous inspire des commentaires? Vous souhaitez émettre une suggestion? Merci de nous écrire.